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Je n’étais pas réellement motivée par cette sortie au Ghost. Certes l’endroit était sympa, mais je n’avais pas réellement la tête à la fête ce soir. Mais, bien trop heureuses que je sois revenue à Phoenix, quelques amies de ma promo de fac avaient tenu à ce que nous nous y rendions ce soir. Dans ma tête, c’était clair : pas plus d’un verre, et je serais rentrée à une heure raisonnable.

Cela faisait un petit moment maintenant que j’étais revenue, seulement le temps de ma réinscription en fac et de toutes accorder nos emplois du temps, pas mal de semaines s’étaient écoulées avant que nous convenions finalement d’une date. J’étais emballée par l’idée au départ, puis finalement… Je me demandais comment elles faisaient pour se réjouir que je sois de retour sans m’en vouloir, contrairement à certains autres proches. C’était comme si plus le temps passait, et plus la culpabilité se faisait de plus en plus forte. Un véritable enfer. Mais j’allais prendre sur moi et sourire, au moins pour ce soir.

C’est donc à six que nous nous étions installées sur l’une des banquettes du bar, commandant multiples cocktails colorées. Tout était dans le paraitre pour moi ce soir. J’évitais les questions indiscrètes et passait rapidement les détails de mes études en France. Comme si je n’avais plus envie d’y penser. C’est lorsque la conversation dérailla sur un professeur que je ne connaissais pas que je m’autorisais à balayer le bar du regard, apercevant une silhouette singulière au comptoir. Benjamin. Sans réfléchir davantage, je terminais mon cocktail d’une traite, et prétendait avoir besoin d’aller aux toilettes.

Je me faufilais alors discrètement vers le comptoir, jetant un coup d’oeil vers mes amies qui semblaient toujours en pleine discussion. « Monsieur Gauthier… » Lançais-je d’une voix un peu malicieuse. La réalité me rattrapa bien brusquement. Et si il attendait quelqu’un ?

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Ce soir, Tiphanie s’était proposée pour garder les jumeaux. C’était une occasion que je ne pouvais pas refuser. Je lui avais laissé les enfants en début de soirée et j’avais envoyé quelques textos à des amis : Maksim, Ashley… mais aucun était disponible. Bon, soit je me faisais une petite soirée tranquille à la maison, soit je me décidais à rencontrer de nouvelles personnes et j’allais au bar. Après de longues secondes d’hésitation, je choisis la seconde option. J’avais pris mon temps pour me préparer, profitant de ne pas avoir les jumeaux pour prendre soin de moi. Peut être que ce soir, j’allais rencontrer la femme de ma vie. J’avais mis un polo blanc et un pantalon beige, j’avais également coiffé mes cheveux pour qu’ils aient le style un peu « en bataille » et j’avais ajouté une petite touche de parfum. J’étais enfin prêt pour sortir. Je me rendis au Ghost et je m’accoudais au bar. Pour commencer, je commandais une bière et je regardais la foule du bar. Il y avait énormément de personnes. Beaucoup de gens se trouvaient déjà dans des groupes. Ca allait être plus difficile que ce que je pensais. En plus de ça, je n’étais vraiment pas doué pour draguer. Je me rappelais encore l’épisode avec Trish où ça avait été catastrophique. Je me résignais donc à finir ma bière et rentrer chez moi. Ce n’était pas pour maintenant la rencontrer avec ma future dulcinée. Je bus alors cul sec la fin de ma bière quand on m’appela par mon nom de famille. Je reconnus immédiatement sa voix. Je me retournais et j’esquissais un sourire quand je vis Hoda. Elle était vraiment très jolie. Je ne pus m’empêcher de la regarder comme je la regardais avant… Cependant, je me repris très vite pour ne pas me faire avoir à mes propres sentiments enfouis. Madame Hansen, que faites vous ici ? Elle devait boire un coup, question idiote. Je t’offre à boire ? Je ne la voyais pas avec un verre et moi, je venais de terminer ma bière. Peut être qu’elle voulait juste me saluer et elle repartait voir ses amis ou bien voir un petit ami…

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Je n’avais finalement aucun scrupule à abandonner mes amies pour passer un moment avec Benjamin. Peut-être que si elles me voyaient, elles comprendraient et ne chercheraient pas à nous déranger. Et puis, peut-être que je me faisais des films et que finalement il attendait quelqu’un. Si tel était le cas, surtout si il s’agissait d’une femme, il serait difficile de contrôler ma jalousie. Benjamin et moi avions rompu il y a un moment mais… Il restait spécial à mes yeux. L’homme pour qui j’aurai toujours des sentiments, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse. C’était bien plus fort que moi. Il me demandait ce que je faisais ici. Avec un sourire, je répondais : « Une petite sortie entre amies. » Autant lui retourner la question, je serais vite fixée. « Et toi ? Ne me dis pas que tu es seul, j’aurais du mal à le croire. » Benjamin, c’était le genre d’homme à avoir pas mal d’amis et à sortir très souvent entouré. Mais je semblais chanceuse ce soir, puisqu’il proposait de m’offrir à boire… « Avec plaisir. Je vais prendre un mojito. » Mon cocktail favori depuis toujours, on ne changeait pas les bonnes habitudes après tout. Je m’installais à ses côtés. « Alors, comment tu vas ? J’espère que tu n’es pas trop submergé par le travail. »  C’était ce qu’il m’avait semblé justement, lorsque nous nous étions revu la première fois. Sauf que contrairement à moi, Benjamin avait su gérer la vie de famille et la vie professionnelle… Moi, j’avais dû en abandonner une des deux pendant quelques temps. Mais ce temps était révolu maintenant. Le plus gros de mes études étant validé, j’avais largement plus de temps car beaucoup moins de cours à suivre. Et puis, je commençais à rechercher sérieusement du travail, en ville, évidemment. « En tout cas… Je suis contente de te voir. »

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Alors là, je ne m’étais pas attendu à voir Hoda au bar. On se serait loupé de peu si j’étais parti il y a trente secondes. Je lui demandais alors ce qu’elle faisait ici. Apparemment, elle était sortie avec des amies alors que moi, j’étais complètement seul. Et si, personne n’a voulu de moi. Dis je en haussant les épaules. Je m’en remettais tout de même, ce n’était pas grave. Je n’étais peut être pas encore prêt à rencontrer quelqu’un. Ca allait me tomber dessus sans que je m’y attende de toute façon. Je proposais ensuite à boire à mon ex petite amie, proposition qu’elle accepta avec un mojito. Un mojito et une bière s’il te plait. Dis je à l’encontre du barman. Il s’activa à préparer le cocktail préféré de la brune. Je me retournais vers Hoda qui me demandait comment j’allais. Et bien, ça va, j’avais besoin de m’aérer l’esprit un peu parce qu’entre les petits gars et le travail, c’est vrai que j’ai besoin de souffler. Tiphanie m’a proposé de garder les jumeaux alors j’en ai profité. Je lui offris un sourire sincère. Et toi alors, comment vas tu ? Tu t’es bien ré-imprégnée de Phoenix ? Cela faisait quelques mois qu’elle se trouvait de nouveau à Phoenix. Elle devait sûrement reprendre ses marques, chercher du travail ou finir ses études, retrouver ses amis, sa famille… Ça ne devait pas être facile de revenir après plusieurs années, je l’avais vu quand j’étais revenu avec Mylessià ici après trois ans de vie en France. Hoda finit par me dire qu’elle était contente de me voir. Je baissais un court instant la tête, chamboulé par ses douces paroles. Je finis par la relever et regarder droit dans les yeux mon ex avec un petit sourire timide. Moi aussi… c’est sincère. C’était peut être dangereux, beaucoup trop dangereux de passer du temps ensemble et pourtant, j’appréciais sa compagnie. Mes sentiments se bousculaient dans ma tête que ce soit la colère et la déception d’un côté et la joie et la plénitude de l’autre côté. Heureusement, le barman nous donnait nos boissons. Je payais les consommations et je tendis le verre à Hoda. On trinque à quoi ? A cette rencontre inattendue ? Je lui souris, un peu gêné. J’entrechoquais nos verres et je bus quelques gorgées de ma boisson tout en ne quittant pas des yeux la belle brune.

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J’haussais les sourcils, surprise. « C’est fort étonnant… ») Benjamin ne passait pas inaperçu, surtout auprès de la gente féminine. Mais je préférais le voir ici seul et pouvoir en profiter plutôt que cela soit une autre femme. Il me confiait que Tiphanie gardait nos enfants. J’hochais la tête, luttant pour ne pas faire paraitre une émotion négative sur mon visage. Ca n’était toujours pas le grand amour entre nous mais elle était proche de Benjamin, et au niveau de la garde de nos enfants, je lui faisais confiance. J’étais simplement jalouse de voir mes enfants si proches d’elle. Presque comme une deuxième mère… « Tu as eu raison. » Commentais-je simplement. « Ca va, plutôt bien même. Dans quelques mois j’aurais mon diplôme, et je guette toute recherche d’emploi susceptible de m’intéresser. » Je visais en particulier la branche du journalisme politique. Avec le cursus que j’avais préparé et mes semestres en France, j’avais d’assez bonnes chances d’être embauchée rapidement. J’avais fini par avouer à Benjamin que j’étais heureuse de le voir et je le sentais plutôt touché par mes paroles. Du moins j’en avais l’impression. Nous avions été important dans la vie l’un de l’autre et après tout, nous serions toujours liés par nos enfants… Il m’avoua finalement que lui aussi, était content. J’avais comme l’impression que le rouge me montait un peu aux joues. C’était stupide, je ne devais pas me faire d’illusion. Benjamin avait sans doute eu le temps de passer à autre chose, bien qu’il soit très occupé par le travail. « Ca me va ! » Je me mis à rire et on trinqua donc à cette rencontre inattendue. Je bus une gorgée du cocktail avant de me concentrer à nouveau sur Benjamin. « Tu sais… Beaucoup disent que j’ai été égoïste et je sais que je l’ai été… Mais il ne faut pas croire, c’était dur d’être loin des enfants. Et, de toi aussi. » Benjamin m’avait fait connaître l’amour après tout. Et puis nos enfants, ma famille, Phoenix, mes repères… J’avais perdu tout ça. Je savais que mes études en valaient la peine, mais j’avais parfois l’impression que tout le monde me considérait comme une femme sans coeur. Alors qu’en France, je m’étais sentie seule, et cela plus d’une fois.

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Et oui, je venais de passer un moment seul au bar. Je n’avais pas trouvé de femme avec qui passer la soirée. A vrai dire, je n’étais pas très doué pour draguer donc c’était compliqué pour moi d’engager la conversation avec une inconnue tout en flirtant. J’étais à deux doigts de partir quand Hoda m’avait rejoint. Cette dernière trouvait cela étonnant et pourtant, c’était véridique. Comme quoi… J’expliquais ensuite à mon ex la raison de ma sortie ici, étant donné que Tiphanie me gardait les jumeaux, j’avais décidé de sortir un peu. Elle approuva mon choix. J’enchainais ensuite sur elle, pour prendre un peu des ses nouvelles. Après tout, elle était revenue à Phoenix il n’y a pas très longtemps. Elle devait se reconstruire une vie et s’approprier à nouveau la ville. Elle m’expliqua alors qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps avant d’être diplômée alors elle recherchait un emploi. C’est bien en journalisme dans le domaine de la politique ? Je pourrais peut être parler de toi à deux/trois connaissances. Grâce à mon activité professionnelle, j’avais un bon réseau. Je pouvais parler d’elle à quelques personnes pour lui trouver un emploi dans son domaine. Elle était brillante et ambitieuse, n’importe qui la voudrait dans son équipe. Et puis, si elle avait un bon emploi, ce serait bien pour nos fils également, ça leur ferait une vie stable avec deux parents ayant une bonne situation et leur assurant un bel avenir. Nos verres arrivèrent très vite et je proposais à Hoda de trinquer à notre rencontre inattendue. Nos verres s’entre choquèrent et je le portais à ma bouche pour en boire quelques gorgées. Je le reposais en face de moi tandis que Hoda se livra à moi. Elle m’avoua que ça avait été dur d’être loin des jumeaux et de moi même si elle avait réagi d’une manière très égoïste. Pourquoi t’es partie alors ? On avait besoin de toi. Nous trois. Je n’étais pas du tout énervé en cet instant. Je voulais vraiment comprendre. Si on lui avait manqué tant que ça, pourquoi être partie plus de deux ans, loin de nous. Elle avait fait tout capoter entre nous, dans notre relation et surtout, elle avait loupé plein de choses sur les jumeaux.

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Parler de moi ? Je trouvais Benjamin adorable pour le coup. Après tout, c’était principalement pour ma carrière que j’étais partie, gâchant au passage toutes mes relations avec tout le monde. Et pour autant, Benjamin acceptait de parler de moi à certains de ses contacts. Il pouvait garder une certaine rancoeur et refuser d’entendre quoi que ce soit concernant ma carrière future ou mes études. Mais il semblait prêt à m’aider. « Oui c’est bien ça. Merci c’est… Vraiment gentil. » C’était là que je comprenais ce qui m’avait faite tomber amoureuse de Benjamin. Toujours gentil, serviable, dévoué. En plus de ce charme inestimable qu’il avait. Après avoir trinqué, j’avais fini par lui dire ce que j’avais sur le coeur, la vérité : ça avait été dur. Ils m’avaient manqué. Sa question faisait sens : pourquoi ? Moi même je ne savais pas vraiment. J’avais saisi une opportunité. Mais peut-être que je cherchais à fuir certaines choses… Je baissais les yeux, touchée de savoir que les jumeaux, mais également lui avaient eu besoin de moi. En partant, je ne m’étais pas réellement rendue compte de ça. C’était comme ci j’avais mis des oeillères, ignorant les autres, ne pensant qu’à ma carrière. J’avais réagi à temps en revenant finalement à Phoenix. J’étais persuadée que si j’étais restée plus longtemps, tout le monde m’aurait définitivement tourné le dos. Et je l’aurais sans doute mérité. Deux ans. C’était énorme deux ans. Je m’en rendais compte bien trop tard. « Je ne sais pas Benjamin… Gérer les jumeaux en bas âge, notre rupture… J’ai eu peur je crois. J’ai paniqué, plus rien n’était comme avant, alors j’ai saisi une opportunité, une opportunité qui m’a permis de… Fuir tout ça. » J’avais réellement honte. Evidemment que plusieurs semestres en Europe faisaient joli sur un CV, mais peut-être que cette chance d’étudier à l’étranger cachait effectivement autre chose. Ma vie n’avait plus rien de stable à Phoenix avant que je parte et je ne savais plus quoi faire. « J’espère réellement que tu parviendras à me pardonner un jour. » Quand je voyais les jumeaux aujourd’hui, j’étais fière qu’ils aient un père comme Benjamin. Il avait eu l’aide et le soutien de ses proches évidemment, mais j’étais persuadée que je n’aurais jamais réussi à faire mieux. « Tu pourrais peut-être me dire ce que j’ai loupé ? Ils ont été malades ? Le prénom de leurs amis ? Ce qu’ils préfèrent à l’école ? »  

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Si je pouvais donner un coup de pouce à Hoda, ce serait avec plaisir. Cela voulait dire qu’elle souhaitait rester par ici, refaire sa vie ici pour une durée indéterminée. Elle ne comptait pas repartir de nouveau pour une autre ville. Et si je pouvais l’aider, je le ferais. C’était mieux pour les jumeaux qu’elle soit dans la même ville que nous. C’est normal. Tu ferais la même chose pour moi. Si les cas étaient inversés, elle ferait sûrement la même chose que moi. Avoir une bonne situation financière était bon pour la vie des jumeaux aussi. Je pensais avant tout à eux, ils étaient ma priorité. D’ailleurs, Hoda avait avoué qu’on lui avait manqué. Je ne pus m’empêcher de rebondir sur le sujet et lui demander pourquoi elle était partie alors. Alors que je portais ma bière à la bouche, je l’écoutais très attentivement. Elle voulait fuir les difficultés de sa vie. C’était un peu lâche de réagir comme elle l’avait fait. C’était lâche de faire ça… J’espère qu’à la prochaine difficulté tu ne réagiras pas comme ça… Tout le monde rencontrait des périodes difficiles, même moi. Ce n’était pas pour autant que je prenais le premier vol pour l’Europe. Enfin bon, il fallait aller de l’avant. Ca ne servait à rien de ressasser le passé indéfiniment. J’étais déjà en train de la pardonner, je ne pouvais pas lui en vouloir toute ma vie. Bien sur que oui. Les preuves feront que le passé sera laissé derrière nous. Je lui fis un clin d’oeil comme pour la rassurer. Ca ne servait à rien de se battre indéfiniment. Elle voulait en savoir plus sur les jumeaux. Je jouais avec la bouteille de ma bière. Et bien Hugo adore le baseball et Mathéo le basket. Ils ont une petite bande de copains mais Jamie et Tom restent leurs meilleurs copains. Ils n’ont pas été vraiment malades à part quelques rhumes par ci par là, rien de bien méchant. Je lui offrais un sourire réconfortant, elle avait l’air passionnée par mes paroles. On pourrait peut être organisé un après midi avec leurs copains si tu veux ? Et tu viendras à la maison pour les voir et pour m’aider aussi. Avec tous ces enfants, je ne saurais pas où donner de la tête. Je faisais vraiment des efforts pour qu’elle puisse réapprendre à connaitre ses fils, et moi par la même occasion.

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Evidemment que je ferais la même chose pour lui si j’en avais l’occasion. Benjamin était la personne avec qui j’avais partagé le plus de choses et nous serions liés à vie par nos enfants. Je ferais beaucoup pour lui, même si nous n’étions plus ensemble. Il qualifiait par la suite mon acte de lâche et j’hochais la tête pour acquiescer. J’étais tout à fait d’accord avec lui pour le coup. J’aurais très bien pu continuer mes études ici, à Phoenix, et j’en avais décidé autrement. J’avais été bel et bien lâche et égoïste. « Je sais Benjamin… Mais cela m’a permis de réfléchir et je t’assure que désormais je n’agirais plus ainsi. Je pense avoir muri. » C’était certain même. Le fait que je me sente coupable en était l’une des preuves formelles. L’ancienne Hoda, si elle était revenue plus tôt, aurait certainement agi comme si de rien n’était. Peut-être qu’avec cette maturité là, je ne serais jamais partie. Mais à l’époque, j’étais encore une enfant, cédant à chacune de ses envies, fuyant chacun de ses problèmes.

Benjamin me rassurait, me disant qu’il serait effectivement capable de me pardonner. Il valait mieux, au moins pour les jumeaux. Cela m’attristait déjà qu’ils grandissent avec des parents séparés, j’aurais eu du mal à supporter qu’ils nous voient en mauvais termes. D’ailleurs j’écoutais attentivement le brun me raconter ce que j’avais pu louper dans la vie de mes enfants. Baseball et basket, Jamie et Tom, j’enregistrais précieusement toutes ces informations dans mon esprit. J’étais également soulagée qu’ils n’aient jamais été réellement malades. « Je suis rassurée. En tout cas ils ont l’air épanouis. » Je lui renvoyais son sourire. Benjamin proposait justement d’organiser une après midi ensemble pour les jumeaux. « C’est une superbe idée. Je suis sure que les jumeaux seraient fous de joie en plus. » J’étais prête à tout pour me rattraper, et cette idée d’après midi pour les jumeaux m’enchantait totalement.

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Cela me faisait plaisir de croiser Hoda dans un coin assez neutre en dehors de notre rôle de parents. Cela permettait de parler à coeur ouvert. D’ailleurs, je venais de lui avouer qu’elle avait été lâche de partir comme ça. Je voyais qu’elle avait changé car elle approuvait mes dires. Elle reconnut qu’elle avait abusé mais que depuis, elle avait changé. Elle avait fait un réel travail sur elle même et ça me faisait plaisir de voir qu’elle commençait à changer dans le bon sens. Si déjà tu le reconnais, ça prouve que tu as changé. Je lui offris un sourire sincère pour lui prouver que je n’étais pas là pour la descendre tout le temps. Je crois que je préfère la nouvelle Hoda. Et pourtant, j’avais été follement amoureux de l’ancienne Hoda. Je ne crois pas avoir aimé autant une personne qu’elle. Je bus ensuite quelques gorgées de ma bière sans quitter le regard de Hoda. Par la suite, je lui avais fait un topo sur la vie de nos fils concernant le sport pratiqué, les copains de classe. Je lui avais même proposé d’organiser un après midi avec leurs copains pour qu’elle les rencontre et qu’elle se rende vraiment compte de comment étaient les jumeaux avec leurs camarades. Après m’avoir avoué être rassurée par la vie des jumeaux, elle accepta ma proposition. Je pense aussi. Ils vont tellement être fiers d’emmener tous leurs copains à la maison. Et puis, ils ont beaucoup parlé de toi à leurs amis, ils vont être contents de pouvoir te présenter. Je lui offris un nouveau sourire sincère. Hoda et moi étions liés par nos enfants et je ne me cachais absolument pas de lui dire ce que font ou pensent nos jumeaux. Cela devait lui faire plaisir d’ailleurs. Bon et sinon, tes copines ont voulu te sortir un peu pour rencontrer de nouvelles têtes ? Par nouvelles têtes, je voulais surtout savoir si elles voulaient lui présenter des hommes. J’étais curieux de savoir si elle avait rencontré quelqu’un depuis notre séparation mais je la jouais toute en subtilité pour le savoir. Je ne voulais pas qu’elle croit que je pourrais être jaloux ou intéressé, même si…

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Peut-être que ça avait été ça le plus positif finalement. Le travail que j’avais pu effectuer sur moi même, ma prise de maturité. Aujourd’hui, je me sentais tout à fait prête à assumer mon rôle de mère tout en bouclant mes études. J’étais prête à tout faire à la fois sans me concentrer sur une seule chose. Je n’étais plus une simple étudiante, j’étais une maman. Il était temps de mettre ce rôle en avant. Et entendre Benjamin me dire qu’il préférait la nouvelle Hoda me confortait dans l’idée que je devais continuer dans cette voie là. « Moi aussi je la préfère. » Répondis-je en riant. Beaucoup disaient qu’on ne changeait jamais. Que le naturel revenait toujours. Je n’en étais pas certaine. Le temps le dirait de toute façon.
J’étais touchée d’apprendre que mes garçons parlaient de moi à leurs amis. En ayant croisé Tiphanie dernièrement et ayant appris à quel point elle avait pu s’occuper d’eux et à quel point ils s’entendaient bien, j’avais eu peur. Peur d’avoir été remplacée dans leurs coeurs. Peur qu’ils m’aient un peu oubliée. Apparemment pas. J’avais de la chance d’avoir des enfants aussi formidables. « J’ai hâte d’y être. » Commentais-je en lui rendant son sourire. Finalement, j’avais commencé cette soirée réellement démotivée et je reprenais petit à petit confiance en moi. Cette discussion à coeur ouvert avec Benjamin me faisait beaucoup de bien. Voilà qu’il se renseignait sur pourquoi j’étais là. « Oh, elles voulaient surtout fêter mon retour à la fac de Phoenix. Je n’étais pas vraiment motivée à venir mais finalement j’ai bien fait… » Je baissais les yeux, un peu intimidée soudainement. « Et toi ? Tu étais ici juste pour boire un verre ou dans l’optique de faire des rencontres ? » Pas question que je sois la seule à répondre à ce genre de question légèrement intéressée ou quelque peu indiscrète. Benjamin savait à quel point je pouvais être jalouse, même si il devait penser que ce genre de sentiment n’avait plus lieu d’être actuellement…

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Je voyais bien que Hoda faisait des efforts pour changer et devenir une meilleure personne et surtout une meilleure maman. Je préférais la personne qu’elle était devenue plutôt que ce qu’elle était avant même si je l’avais follement aimée. Elle aussi avait l’air d’apprécier le fait de changer et de devenir une toute autre personne. Après, seul l’avenir nous dira comment ça se passera. En attendant, je reconnaissais les efforts apportés. D’ailleurs, je ne pus m’empêcher de lui dire que nos garçons parlaient beaucoup d’elles à leurs copains. Elle leur avait beaucoup manqué et la retrouver leur avait donné envie d’en parler à tout le monde. Hoda avait déjà hâte d’être à cet après-midi-là. Je pense que tu déchanteras bien vite quand tu verras la masse de travail que c’est un après-midi avec tous ces garnements. C’était tellement de travail de s’occuper de toute une bande de gosses en folie. L’aide de Hoda ne ferait pas de mal. Le sujet de conversation dévia ensuite sur la raison de notre venue au bar ce soir. J’étais curieux de savoir si elle était venue ici pour rencontrer de nouvelles personnes et qui sait, rechercher l’amour ? Apparemment non, ses copines fêtaient son retour à Phoenix. Elle n’avait pas l’air très emballée au début et je compris que notre rencontre impromptue l’avait fait changer d’avis. Je lui souris, ravi d’entendre ce genre de paroles de sa part. Je ne savais pas pourquoi cela me touchait autant alors qu’elle m’avait quand même brisé le cœur. Pourtant, c’était plaisant à entendre. Tu as bien fait de venir alors ! Evidemment, elle n’allait pas se laisser faire et elle allait me renvoyer la balle. A vrai dire, ce n’était pas la réponse qu’elle souhaitait entendre. A la base, c’était pour rencontrer de nouvelles personnes vu que j’ai fait garder les jumeaux mais je m’apprêtais à partir juste avant que tu arrives. Je me mis à pouffer de rire en me trouvant ridicule. Tu sais, je n’ai pas changé sur la drague. Je ne suis vraiment pas doué. Je parlais de cela avec légèreté parce qu’au final, je n’arrivais pas à draguer les femmes. Il fallait mieux que ce soit elles qui viennent à moi plutôt que l’inverse. Encore ce soir, ça n’avait pas été concluant et je ne m’étais pas lancé de peur d’avoir honte une nouvelle fois. C’est pourquoi, je n’avais pas rencontré de femmes depuis le départ de Hoda. Mon physique avantageux m’avait tout de même permis de passer de bons et courts moments avec certaines femmes mais ça n’allait pas plus loin.

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Je me doutais bien qu’une après midi entourée d’enfants courant dans tous les sens ne serait pas de tout repos. Mais je me devais bien de faire cet effort. Et puis, j’avais envie de gouter à tout ça, à ces activités, rien que pour voir les sourires de mes enfants. J’avais beaucoup à rattraper. « Mais non, on va s’en sortir, tu verras. » Lançais-je avec un sourire. On en était capable. Après tout ce que nous avions vécu, nous pouvions bien survivre à une après midi comme celle là.

Non, je n’étais pas réellement venue ici dans l’optique de rencontrer du nouveau monde. On fêtait seulement mon retour. Je n’avais pas encore à l’esprit le fait de chercher un éventuel petit ami. A vrai dire, mon objectif principal était de me faire pardonner de mes proches, et pour le reste, on verrait plus tard. Benjamin, lui, était là pour ça. Rencontrer des gens. Ce qui apparemment n’avait pas été un franc succès. J’hochais la tête légèrement, juste avant qu’il ne se mette à rire. Benjamin assumait de ne pas savoir draguer et ça me fit rire aussi. « Il y a pourtant une époque ou ça fonctionnait plutôt bien… » Facile à dire, Benjamin avait été mon seul grand amour. Peu importe qu’il ne sache pas draguer, qu’il joue au timide ou ait peur de se lancer, son charme avait toujours su fonctionner sur moi. Je n’avais pas réellement pour but de le draguer, simplement de le rassurer. Même si évidemment, le voir aux bras d’une autre me ferait un pincement au coeur.

Je jetais un rapide coup d’oeil à mes amis, qui semblaient rire en coeur. Ouf, mon absence n’avait pas réellement l’air de les gêner. Je me tournais à nouveau vers Benjamin. « Tu sais, je ne vais pas te mentir… Je n’ai rien connu de sérieux depuis nous deux. » Autant lui confier ce que j’avais sur le coeur. Et puis, l’alcool me donnait le courage nécessaire, alors il fallait en profiter.

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Je préférais prévenir Hoda de ce qui l’attendait avec ce genre d’après midi. Des jumeaux avec le double de copains, c’était très usant ! Heureusement, nous serions deux pour gérer. D’ailleurs, la belle brune resta optimiste et elle savait que nous allions nous en sortir. Au moins, elle voyait le bon côté des choses. Oui, on verra. Je ne payais pas chère de notre peau. A la fin de la journée, nous serons rincés et nous dormirons comme des bébés. En attendant, j’avais réussi à faire garder les jumeaux ce soir pour pouvoir sortir un peu et surtout, rencontrer du monde. Je n’avais pas eu de relation avec une femme depuis des années. J’avais eu quelques aventures, par ci par là pour combler mes besoins mais rien de bien sérieux. J’avouais à mon ex petite amie que la drague n’était pas faite pour moi. Je ne savais pas flirter, draguer, jouer de mon charme… Hoda me rassura en me disant que ça avait fonctionné à l’époque avec elle. Je me mis légèrement à rire, me rappelant cette époque. J’étais jeune à l’époque… si tu me voyais maintenant, je serais ridicule. Je pense que tu te fouterais de ma gueule. Je bégayais, je ne savais pas quoi dire, j’étais maladroit… Heureusement que mon charme fonctionnait tout de même et que certaines femmes faisaient abstraction de mes maladresses. Je finissais ma boisson et je regardais Hoda sourire. Elle était vraiment toujours aussi belle. Elle m’informa alors qu’elle n’avait pas eu de relation sérieuse depuis nous deux. Je baissais légèrement la tête, regardant ma bouteille vide puis je relevais le regard, me plongeant dans le sien. Je t’avoue que moi non plus. C’était peut être parce que tu me manquais toujours au final… Et je n’arrivais pas à enlever cette barrière en moi, je ne sais pas trop comment l’expliquer… Elle jouait la carte de la franchise et je fis de même avec elle. Je me sentais bien et j’avais envie de lui dire ce que j’avais ressenti ces dernières années.