La journée qui venait de s’achever avait été riche en adrénaline. Aujourd’hui avait eu lieu un procès que Bastian avait préparé depuis plusieurs mois. De très longues semaines de travail intense et de persévérance pour monter LE dossier en béton. Maître Bastian Gauthier était un jeune avocat mais sa ténacité et son talent faisaient déjà parler de lui. Pour un homme aussi ambitieux que lui, il n’était jamais question de laisser de la place au hasard. Tout était calculé avec précision pour ne laisser aucune faille dans sa plaidoirie. Il voulait être le meilleur alors il s’en donnait tous les moyens pour y parvenir. L’audience avait duré longtemps. Le camp adverse avait également bien bossé le dossier et le combat fut rude. Le jeune avocat ne lâcha jamais et finit par remporter la victoire. Une belle prouesse qui l’avait lessivé. Quand il rentra chez lui en fin de journée, il se laissa tomber dans son canapé pour fermer les yeux quelques minutes, heureux d’avoir gagné cette lutte acharnée de plusieurs mois. Nala ne tarda pas à venir ronronner près de son visage pour venir lui dire bonjour.

Lorsqu’il ouvrit de nouveau les yeux, plusieurs heures s’étaient écoulées. Il se réveilla en forme, cette petite sieste inopinée lui avait fait du bien mine de rien. Il s’étira et se leva pour aller jeter un œil dans le frigo et manger ce qui lui tombait sous la main. Forcément il avait faim maintenant. Il fit réchauffer un reste de gratin et se posa devant la télé pour manger. Cependant, les programmes qui étaient diffusés n’avaient rien d’intéressant. Il jeta un œil à l’horloge de sa box pour constater qu’il était encore suffisamment tôt pour sortir. Et s’il allait boire un verre pour fêter sa victoire ? Il aurait pu proposer à un ami de l’accompagner mais il avait envie de fêter ça autrement. D’une façon un peu plus agréable et jouissive, dirons-nous. Le jeune avocat termina son repas et fila dans la salle de bain pour prendre une douche et s’apprêter un minimum pour ramener une femme chez lui. Il opta pour une chemise noire et un pantalon de la même couleur, autant rester dans le basique classe. Une touche de parfum et ses doigts glissés dans ses cheveux pour se coiffer et il était prêt à sortir.

Il ne tarda pas à arriver dans l’un des bars de la ville et comme souvent, il s’avança lentement dans la salle pour faire un tour d’horizon des femmes présentes. Certaines attirèrent son attention, d’autres étaient carrément invisibles à ses yeux. Ses yeux se posèrent sur une silhouette blonde connue. Sa façon de se tenir… De croiser les jambes… Ce corps, il le connaissait par cœur. Il ne pouvait pas se tromper. Il se déplaça pour s’assurer que son instinct ne le trompait pas et il réalisa qu’il s’agissait bel et bien d’Iris Perez. SA Iris Perez. L’une des rares femmes en ce monde qui avait compté à ses yeux. Ils étaient quand même restés deux ans ensemble, ce n’était pas rien. Certes, il avait passé le même temps avec Mylessià, mais ce n’était que par intérêt. D’ailleurs, comme un effroyable goujat, il avait quitté la première pour la seconde. Une rupture qui ne s’était pas super bien passée, il fallait bien le reconnaitre. Il y avait fort à parier qu’Iris le détestait à présent mais qu’importe, il n’y réfléchit même pas puisqu’il se dirigea déjà vers elle, un léger sourire aux lèvres. Il s’installa à côté d’elle, sans rien dire, sans même la regarder, pour lui laisser le temps de comprendre ce qui était en train de se passer. Oui, Bastian Gauthier faisait preuve d’un culot monstrueux. Il fit signe à la barmaid et tourna la tête vers son ex. « Salut toi. » Son sourire s’agrandit. « Je ne m’attendais pas à tomber sur toi ce soir. Le pays est grand mais tu as quand même réussi à atterrir dans la même ville que moi. Combien y avait-il de chance pour que ça se produise ? Très peu. Le hasard fait bien les choses si tu veux mon avis. » Il lui adressa un clin d’œil avant de reprendre. « Ou alors tu m’as suivi. Ce qui ne serait pas si surprenant que ça. » Ah forcément quand on avait un ego surdimensionné, on se prenait facilement pour le centre du monde. « Je te paye un verre ma puce ? » Oh bah pourquoi prendre des pincettes ? Autant y aller à fond…

Cette nouvelle vie Iris ne l’avait choisie que par contrainte. Le décès de sa sœur et de son beau-frère avait en effet chamboulé tous les plans qu’elle avait eu depuis qu'elle était petite. Des plans sur-mesure qui auraient fait d’elle une femme totalement accomplie à 30 ans. Seulement cette tragédie avait mis à néant tous ses rêves et ça pour une seule et bonne raison : elle devait récupérer la garde de sa petite-nièce. Toutefois même si elle adorait la petite fille, elle avait véritablement du mal à s’imaginer en train de l’élever. Que ce soit les changements de couche, les biberons ou tout le reste, tout ceci était encore très obscur pour la jeune Perez. Il faut dire que le seul souhait qu’elle avait eu c’était d’avoir une brillante carrière, et non pas d’être une mère de famille accomplie. Ça c'était sa sœur qui l'avait voulu et qui l'avait eu avec un Américain. Voilà pourquoi Iris avait été obligé de déménager à Phoenix. Ville où vivait la petite Lola avec ses grands-parents. D'ailleurs à choisir, elle aurait nettement préféré aller dans une grande ville telle que New York, mais malheureusement la jolie blonde n'avait pas eu trop le choix si elle voulait être au plus près de sa nièce. De toute façon la jeune femme savait à quel point cela serait important pour le jugement le fait qu'elle habite également aux États-Unis, alors autant choisir la ville où sa nièce vivait.

Cette nouvelle vie Iris la vivait dans un rythme effréné que ce soit pour son job ou pour la bataille judiciaire qu'elle avait engagée contre les grands-parents de sa nièce. Assez rapidement elle s'était d'ailleurs faite à cette nouvelle ville, et à ce nouveau pays. Installée dans un loft lumineux, la jolie blonde avait presque réussi à prendre ses marques. Bien évidemment elle ne connaissait pas encore tous les lieux de la ville, mais elle avait déjà repéré quelques endroits comme le Ghost par exemple. Un bar qu'elle avait déjà fréquenté plusieurs soirs pour éviter la solitude. Il faut dire que ce n'était jamais évident d'arriver dans une ville où vous connaissez peu de monde. Il faut dire qu'Iris n'avait jamais été le genre de femme à se renfermer sur elle-même et c'était bien pour cette raison qu'elle avait décidé de sortir ce soir-là.

Ignorant la fatigue de sa journée, la jeune femme s'était apprêté pour sortir en enfilant une jolie robe moulante noire, tout en ajoutant à ses pieds des hauts talons rouges. Prenant le temps de se maquiller et de se coiffer, la jeune femme avait ensuite quitté son logement et avait pris un taxi pour rejoindre le Ghost. Une fois sur place la jolie blonde s'était installé au bar et elle y avait commandé une téquila. Seulement alors qu'elle était en train de patienter, la jeune femme avait soudainement senti la présence de quelqu'un à ses côtés. S'attendant à rencontrer un des nombreux dragueurs du bar, la jeune femme avait rapidement jeté un coup d’œil à ses côtés et quel n'avait pas été sa surprise en apercevant Bastian. Son ex petit ami. Le seul homme qui avait été en mesure de lui briser le cœur et toutes les illusions qu'elle s'était faite sur leur relation. Et pourtant même des années après, Iris n'avait pas pu s'empêcher de ressentir un frissonnement en le voyant à ses côtés. Dieu pourtant qu'elle le détestait, mais cet imbécile l'avait marqué à l'encre indélébile pour toujours. Ignorant sa présence la jeune femme avait hésité à quitter les lieux lorsque finalement la voix du beau brun s'était insinué dans ses oreilles pour la saluer. Sans prendre la peine de lui répondre Iris l'avait simplement écouté lui parler de son étonnement de la croiser ici. Bastian estimant que le hasard faisait bien les choses.   « Ou pas » N'avait pas pu s'empêcher Iris de lui rétorquer, même si sa voix avait nettement manqué d'assurance pour son plus grand désespoir. D'ailleurs cela n'avait pas empêché le jeune homme de poursuivre ses allusions sur le fait qu'Iris avait dû le suivre ici. Tournant sa tête dans son sens, la jeune Perez avait levé les yeux au ciel.   « Ou alors tu prends tes rêves pour des réalités. Ce qui ne serait pas surprenant non plus » Certes depuis qu'elle avait engagé Benjamin pour être son avocat, elle avait appris que Bastian était en ville, mais ce n'était pas pour autant qu'elle lui avait couru après. D'ailleurs cela faisait cinq mois qu'elle avait réussi à l'éviter. Jusqu'à ce soir, malheureusement.  Détournant de nouveau le regard, la jeune femme l'avait ensuite entendu lui demander si elle souhaitait qu'il lui paye un verre, tout en y ajoutant un surnom affectif. Une interrogation qui était intervenu quelques secondes avant que le barman lui pose son verre de Tequila devant elle. Arborant alors un sourire sur ses lèvres, la jeune femme avait posé son regard sur le barman pour l'informer.   « C'est pour monsieur » Lui avait-elle précisé tout le désignant d'un rapide coup de tête Bastian. Après quoi la jolie blonde avait porté son verre à ses lèvres pour y boire quelques gorgées avant de le reposer sur le bar. Puis sans lui accorder le moindre regard, la jeune femme l'avait interrogé.   « Tu comptes rester ici toute la soirée ? » Parce que si c'était le cas, Iris n'allait sûrement pas rester très longtemps. Toutefois hors de question de perdre la face devant cet homme.   « Ta femme ne t'attend pas ? » Ne pouvait-elle pas s'empêcher d'ajouter d'un ton acerbe, avant de boire de nouveau sa boisson.

Iris Perez. Cette femme avait sans doute été la plus longue relation sans intérêt professionnel, familial ou financier que Bastian avait pu avoir dans sa vie. Avec elle, cela avait été toujours simple. Enfin autant que cela puisse l’être avec un homme comme Bastian. Sans trop de conviction au départ, il avait accepté de sortir avec elle et de devenir son copain. Au départ, il avait pensé que ça ne durerait pas mais beaucoup de gens se posent dans un couple, pourquoi pas lui ? Il avait voulu tester et ça avait plutôt bien marché en soit. Jusqu’à ce que Mylessià soit de nouveau sur le marché. Jusqu’à ce que Benjamin connaisse un échec retentissant dans ce qu’il avait entrepris. Mylessià n’était pas n’importe qui, sa famille avait de l’importance. Un mariage entre leurs deux familles n’était pas dénué d’intérêt. Alors Bastian avait tenté sa chance. Par esprit de compétition. Pour réussir là où son frère si jalousé avait échoué. Et pour cela, il n’avait pas hésité à mettre fin à sa propre relation amoureuse, au détriment de la belle Iris, lui brisant le cœur sans scrupule au passage. Bastian avait toujours été aveuglé par son ambition démesurée et son esprit de compétition exacerbé. Le reste n’avait pas d’importance. La jeune Perez en fit les frais.

Alors forcément, elle n’était pas enchantée de retrouver son ex petit-ami après toutes ces années. Bastian lui, était plutôt amusé de la situation. Pire, il ne se rendait même pas compte à quel point il avait fait souffrir la belle blonde. Une rupture comme une autre, elle s’en remettrait, avait-il pensé à l’époque. Même si la question ne s’était pas vraiment posée à ce moment là. Elle tenta de faire preuve d’une assurance de plomb en contrant son argument, mais sa voix la trompait. Elle eut du mal à cacher ses émotions, ce qui n’échappa pas au jeune avocat. Il l’écouta parler, un léger sourire arrogant flottant toujours sur ses lèvres. Il se mit même à rire doucement. « Avoue que c’est une sacrée coïncidence quand même. » Il posa son coude sur le comptoir. « Il n’y a pourtant pas plus terre à terre que moi. » C’était amusant de constater tous les efforts qu’elle faisait pour éviter son regard. Avait-elle peur de quelque chose ? Craignait-elle de revoir ses sentiments renaître en posant son regard sur lui ? Ou au contraire, le détestait-elle au point de ne plus pouvoir le regarder en face ?

Il lui proposa de lui offrir un verre, juste au moment où le barman lui en déposa un devant elle. Bon timing. Au moins, ils passaient l’étape de la commande pour boire directement ensemble. Elle lui posa une nouvelle question, puis une suivante. Il ne prit pas la peine de répondre à la première mais à peine Iris mentionna son hypothétique femme qu’il haussa les sourcils. « Quelle femme ? » C’était sorti tout seul et le plus naturellement du monde, sans qu’il n’ait eu le temps de réfléchir à la question qui était pourtant logique quand on y pensait. Mylessià. Evidemment. « Ah, elle. Non elle ne m’attend pas. C’est fini depuis longtemps. » Si ce n’était pas malheureux tout ça. Il avait quitté Iris pour se fiancer et ça n’avait pas duré plus longtemps que pour eux. Un beau gâchis. « Je suis libre comme l’air. » Il l’avait toujours été. Plus ou moins. En tout cas, avec Myless, même s’il était fiancé, il ne s’était jamais gêné pour aller coucher à droite à gauche. Chose qu’il n’avait jamais fait avec Iris. Il ne lui retourna pas la question puisqu’il se fichait de savoir si elle avait refait sa vie ou non. Il était intimement persuadé que ce n’était pas le cas. Dans tous les cas, qu’une femme soit libre ou non ne l’avait jamais empêché de coucher avec. Ce n’était pas une barrière qu’il s’imposait. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Pourquoi était-elle à Phoenix si ce n’était pas pour le retrouver ?

Se faire briser le cœur Iris ne l'avait vécu qu'une seule fois et l'homme responsable de ça c'était soudainement matérialisé à ses côtés alors qu'elle se trouvait seule accoudé au bar depuis une dizaine de minutes. Cette apparition ne l'avait pas laissé de marbre et la jeune femme avait même eu du mal à reprendre une certaine constance. D'ailleurs le son de sa voix l'avait trahi au premier mot qu'elle lui avait adressé. Non le hasard ne faisait pas bien les choses puisque Iris aurait nettement préféré ne pas le croiser. La jolie blonde ayant cru naïvement qu'elle arriverait à l'éviter même s'ils habitaient maintenant dans la même ville. Lui au contraire avait estimé que c'était tout de même une sacrée coïncidence. Une réflexion à laquelle Iris n'avait pas répondu. D'ailleurs elle avait également gardé le silence lorsque Bastian lui avait avoué qu'il n'y avait pas plus terre à terre que lui. Ah ça elle ne pouvait pas le contredire quand elle voyait à quelle vitesse il l'avait oublié pour aller dans les bras d'une autre. Comme si leur relation n'avait jamais eu d'importance et qu'Iris avait été une femme comme toutes les autres à ses yeux.

Après quoi le barman avait déposé le verre qu'Iris avait commandé devant elle. Un timing parfait qui avait permis à la jolie blonde d'informer le barman que la note serait pour son ex-petit ami à ses côtés. Après tout s'il souhaitait lui payer un verre, elle n'allait pas le refuser. Pour autant la jeune femme n'avait pas été prête à poursuivre sa soirée avec lui et d'ailleurs si cela n'avait pas entaché sa fierté, laprocureur aurait déjà quitté les lieux. À la place Iris l'avait interrogé pour savoir s'il comptait passer sa soirée ici avant de lui demander si sa femme ne l'attendait pas. Une réplique qui aurait pu facilement trahir sa jalousie envers cette femme si Iris avait croisé le regard de Bastian. Seulement la belle faisait tout pour l'éviter. Éviter ce regard qui l'avait tant captivé par le passé. Toutefois en entendant la surprise dans la voix du beau brun, la jeune femme n'avait pas pu s'empêcher de tourner sa tête vers lui tandis qu'il avait poursuivi en l'informant que personne ne l'attendait. Cette relation ayant visiblement pris fin depuis longtemps. « Quel dommage » N'avait-elle pas pu s'empêcher de lui rétorquer avec une pointe d'ironie dans la voix. Non elle était même rès loin de le penser. Pire cela lui faisait même plaisir de voir que cette relation n'avait pas duré. En tout cas cela n'avait pas semblé traumatisé Bastian qui était tout bonnement heureux d'affirmer qu'il était libre comme l'air. Une remarque qui avait provoqué un petit pincement au cœur de la jolie Iris, alors qu'elle avait de nouveau détourné le regard pour boire quelques gorgées de sa boisson. Bastian profitant de cet instant pour l'interroger sur sa présence ici. Hésitant quelques instants à lui répondre ou non, la jeune femme finissait tout de même par le faire. « Une affaire familiale » Lui avait-elle répondu sans entrer dans les détails. De toute façon ça ne le regardait pas et au moins cela lui prouvait qu'elle n'était pas ici pour lui. « Et pour ton information je risque de rester ici encore un bon moment donc si jamais on vient à se croiser de nouveau, évite moi, ça t'évitera de croire que je te poursuis. » Tournant la tête vers son ex-petit ami, elle ajoutait avec un petit clin d’œil. « Et si tu ne le fais pas, c'est moi qui finirais par croire que tu me suis » L’attaque était toujours la meilleure des défenses, non ?

Il était bien compliqué de savoir ce que la jolie Iris ressentait à cet instant précis. Se retrouver face à l’homme qu’elle avait tant aimé mais qui lui avait brisé le cœur n’avait rien d’anodin. Sans doute ressentait-elle de la colère, de la haine, de la rancœur ? Possible. Mais n’y avait-il que ça ? Difficile à dire. Elle seule le savait. En théorie. La réalité était-elle aussi simple que ça ? Après tout, la vie n’était ni toute blanche, ni toute noire. Elle était parsemée de nuances de gris. Bastian, lui, ne ressentait aucune émotion négative face à cette rencontre pour le moins surprenante. Il était au contraire plutôt amusé et agréablement surpris de tomber sur son ex. Non pas qu’il ait la mémoire courte concernant leur séparation mais disons plutôt qu’il n’avait pas le même point de vue sur la chose. Certes, leur rupture avait été violente mais l’eau avait coulé sous les ponts non ? Elle s’en était remise, depuis le temps. Alors non, il n’avait aucun souci avec le fait de lui faire la conversation. Bastian avait un culot monstre, ce n’était pas nouveau. Ce qui était drôle en revanche, c’était l’évocation de sa femme. Ou plutôt de son ex femme. Voilà donc le premier sujet qu’elle évoquait. Jalousie quand tu nous tiens. Cette histoire était déjà tellement loin que l’avocat ne pensa pas immédiatement à Mylessià. La pauvre. Lorsque la belle blonde croisa enfin le regard de son ex, celui-ci se mit à sourire d’un air séducteur. « L’ironie ne te va pas au teint chérie. » Evidemment qu’Iris ne pensait pas un traitre mot de ce qu’elle venait de dire. Il y avait même fort à parier qu’elle se réjouisse intérieurement que son mariage soit terminé à présent.

Cependant, la jolie blonde détourna bien vite le regard. A croire que soutenir le regard du jeune Gauthier était insoutenable. Elle répondit à sa question de manière plutôt vague, sans entrer dans les détails. Qu’importe, il finirait bien par le savoir. Il finissait toujours par tout savoir. Par la suite, sa pseudo tentative d’offensive lui arracha un léger rire. Il avait toujours aimé les femmes avec du répondant. « Tu peux croire ce que tu veux. Si ça te réjouit ou que ça te fait fantasmer de t’imaginer que je vais te suivre comme ton ombre, alors fais-toi plaisir, mais sache ma belle que tu n’es pas la seule jolie femme de cette ville. » Lança-t-il sur un ton provoquant, en lui rendant son clin d’œil. Ce qu’il retenait surtout de tout ça, c’est qu’elle allait rester en ville encore un petit moment. Elle n’était pas juste de passage. « Qu’est-ce que tu bois ? » Curieux, il n’attendit pas sa réponse pour attraper le verre de la jeune femme et le porter à ses lèvres pour gouter lui-même. « Tequila. Il y a des choses qui ne changent pas. » Lança-t-il avec un sourire en reposant le verre. En réalité, il se fichait bien de ce qu’elle buvait. Allait-elle boire derrière lui ? Ou au contraire, allait-elle s’offusquer ? A quel point le détestait-elle ? A quel point l’attirait-il encore ? Parce qu’il n’avait aucun doute là-dessus, Monsieur Bastian le narcissique ultime. Il était tellement sûr de lui qu’il n’envisageait même pas la possibilité qu’elle lui résiste encore si jamais il poussait le bouchon. Personne ne résistait à sa gueule d’ange, n’est-ce pas ? Et avec Iris, il arborait toujours son plus beau sourire. « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Tu as terminé tes études ? » Dans ses souvenirs, elle avait fait du droit comme lui. Etait-elle allée au bout ?

Iris ne s'était pas préparé à cette rencontre. Bien qu'elle ait envisagé de ne pas rentrer seule ce soir. Jamais, ô grand jamais elle n'aurait imaginé passer sa soirée avec son ex petit ami. Le seul homme sur cette terre qui lui avait brisé le cœur, voire même l'avait piétiné. Cette peine de cœur la blonde avait eu du mal à s'en remettre et c'était pour cette raison qu'elle s'était essentiellement consacré à sa carrière après ça. La belle avait d'ailleurs pensé naïvement que depuis elle avait oublié cet homme et pourtant à peine l'avait-elle aperçu qu'un frissonnement lui avait traversé le corps. Pour autant la jeune femme avait tout fait pour reprendre une certaine contenance et ne pas montrer le trouble qu'elle avait ressenti à Bastian. La jeune femme avait ensuite appris que son ex n'était finalement plus avec la femme pour qui il l'avait quitté et mine de rien cette nouvelle lui avait fait ressentir un certain plaisir, même si à haute voix la jeune femme avait fait en sorte de montrer sa déception. Loin d'être convaincu par ses propos, le jeune homme lui avait même rétorqué que l'ironie ne lui allait pas au teint. Pour toute réponse Iris avait simplement levé les yeux au ciel, ne souhaitant pas lui donner raison, même s'il était évident qu'elle ne pouvait que se réjouir de cette rupture. Après tout il n'avait eu que ce qu'il méritait, même si bizarrement la jolie blonde n'était pas certaine qu'il ait beaucoup souffert dans cette histoire. Iris avait ensuite répondu à l'interrogation du jeune homme sur sa présence ici. La jolie blonde en avait d'ailleurs profité pour informer Bastian qu'elle serait là encore un bon moment. Du coup Iris lui avait fait savoir qu'il pourrait s’abstenir de venir la voir la prochaine fois qu'ils se croiseraient. Ou sinon elle finirait par croire que c'est lui qui la poursuivait. Une manière détournée d'attaquer le jeune homme sur ses véritables intentions. Pour autant cela n'avait pas vraiment eu l'effet escompté puisque le jeune Gauthier c'était plutôt amusé de la remarque. Le jeune homme lui rétorquant même qu'elle n'était pas la seule jolie femme de cette ville. Rien de tel pour toucher l'ego d'Iris, qui avait alors tourné la tête vers lui d'un regard sombre. « Et pourtant tu es là... » Avait-elle déclaré froidement en le regardant de haut en bas. Pourquoi était-il là, s'il y avait tant d'autres jolies femmes en ville ?

Bastian l'avait ensuite interrogé pour savoir ce qu'elle buvait. Seulement sans qu'elle n'ait eu le temps de lui répondre le jeune homme lui avait déjà attrapé le verre qu'elle tenait entre ses mains. Un geste qui de nouveau lui avait mis tous ses émotions sans dessus dessous alors qu'elle l'avait regardé porter son verre à ses lèvres. Sa bouche, qui autrefois l'avait embrassé avec passion, se posant sur le bord du verre pour avaler quelques gorgées de sa boisson. Habituellement la jolie blonde se serait offusquer de cette goujaterie, et pourtant avec Bastian la seule chose dont elle avait été capable c'était de se mordre la lèvre inférieure en imaginant sa bouche contre la sienne et non contre ce verre. Des scènes de leur vie passée se matérialisant dans ses pensées, alors qu'elle avait soudainement détourné le regard pour ne pas que le jeune Gauthier la surprenne. D'ailleurs la jolie blonde l'avait à peine écouté lorsqu'il lui avait fait remarquer qu'il y avait des choses qui ne changeaient pas. Oui elle buvait toujours de la tequila. Seulement maintenant elle était incapable de porter de nouveau son verre à ses lèvres sans que son imagination s'enflamme. Du coup d'un geste vif elle avait repoussé son verre vers Bastian. « T'as qu'à le finir si tu en as tant envie... » Une remarque qui lui avait, malgré elle enflammé les joues, tandis qu'elle avait gardé son attention portée devant elle et non vers son ex petit ami. Ce dernier l'avait alors interrogé pour savoir ce qu'elle faisait maintenant et si elle avait terminé ses études. La jeune femme avait froncé les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir avec ces interrogations. «  Non mais qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Fait pas semblant de t’intéresser à moi Bastian. On sait très bien où on en est tous les deux alors à quoi bon se lancer dans une conversation comme de vieux amis. » Parce que pour Iris, il était clair qu'elle ne pourrait pas supporter ce supplice encore bien longtemps.