En ce moment c'était pas la joie. C'est vrai que depuis que je m'étais barré de chez Satine pour squatter chez Blake j'alimentais le cliché du mec déprimé. Ou de la fille après une rupture, à voir. En tout cas j'étais d'humeur à rien, à part regarder des série et glander chez Blake en sortant quasiment pas, sauf pour racheter des céréales. J'avais même fait aucune vidéo ces derniers temps, plus d'inspi, plus d'envie et pas du genre à faire semblant d'être en pleine forme et d'aller bien. Sauf que faire une vidéo en se montrant déprimé, personne n'a envie de voir ça. Ça au moins je le savais, parce que moi même j'avais pas envie de voir ça. J'avais même plus de chez moi actuellement donc autant dire que ça m'aidait pas à me remonter le moral, heureusement que j'avais Blake qui agissait toujours un peu comme une maman avec moi. Meeko me manquait aussi. Mon chien. Enfin, notre chien. A peu prêt aussi fou que moi, il me manquait même beaucoup mais on l'avait adopté à deux et j'me voyais pas appeler Satine ou lui rendre visite pour négocier la garde du chien de la même façon qu'avec un gamin. Déjà qu'on ne partageait pas nos sentiments ça m'étonnerait qu'on puisse partager quoi que ce soit d'autre.

Bastian m'avait envoyé des messages, me sortant quelque peu de ma léthargie. Ça me faisait plaisir qu'il soit de retour, c'était actuellement mon plus vieil ami et vrai ami en plus de ça, chose assez rare dans mon entourage. Même Satine en qui j'avais vraiment confiance c'était en fait royalement foutu de ma gueule et je m'étais sentis plus con que jamais. Ça arrivait régulièrement que je me sente un peu con pour une raison ou une autre mais la c'était différent, je me sentais con d'avoir eu de l'espoir et d'avoir bien voulu croire qu'elle était une bonne personne et pas du genre à faire souffrir inutilement. Naïf. J'étais tombé de haut. Oui le sujet Satine risquait de revenir souvent parce que malgré le temps loin d'elle je n'arrêtais pas d'y penser. Faut dire qu'elle m'avait marqué au fer rouge pour le coup. Et Bastian qui voulait que je lui parle de ce qui c'était passé j'allais probablement encore en parler longtemps. Il avait fini par me convaincre de bouger, la bouffe française, souvenir de mon pays et de ses saveurs plus travaillées qu'ici était un bon argument. Mais je finissais quand même mon épisode avant. Cette série me plaisait à moi, quoi qu'on en dise, ça donnait des valeurs et nous donnait envie de rester positif, ça redonnait de l'espoir aussi et franchement c'était tout ce dont j'avais besoin en ce moment. Savoir qu'on pouvait toujours s'en sortir même quand on était au plus bas. Après l'épisode je m'étais donc levé puis habillé et je m'étais rendu chez Bastian. Ça allait probablement faire bizarre à Blake de ne pas me trouver sur son canapé en rentrant. Je me garais devant chez lui et sortais de ma voiture pour entrer dans l'immeuble et monter jusqu'à son appart. Une fois devant la porte je frappais enfin à celle ci avant de m'amuser avec la sonnette deux secondes après jusqu'à ce qu'il ouvre la porte. Je devais avoir belle allure, pâle, cerné et mal rasé, mais c'était bien le dernier de mes soucis. J'offrais tout de même un sourire à Bastian. "Je t'ai manqué ?"

Bastian était un homme égoïste, manipulateur et calculateur. A part sa petite personne, peu de monde comptait réellement pour lui. On pouvait le penser sans cœur, pour ceux qui le perçaient à jour. Il pouvait l’être en effet. Bon nombre de personnes en avaient déjà fait les frais. Cependant, il avait quand même des proches à qui il tenait suffisamment pour se soucier d’eux. Ils étaient rares mais pas inexistants. Ted Snow était l’une de ces rares exceptions. Avec lui, pas de jeu. Pas de manipulation – parfois. Pas de piège ni de coup bas. Alors savoir qu’il avait un problème, qu’il n’allait pas bien, ça le faisait chier. Ted était particulier. Un peu comme un enfant dans un corps d’adulte. Il avait parfois des réflexions qui fusaient plus vite que ses pensées. Il n’avait pas toujours été comme ça. Le changement avait été déstabilisant au départ. Déroutant même. Mais Bastian s’y était habitué et finalement, ça l’amusait plus qu’autre chose. Au moins, Ted n’était jamais hypocrite. Ça, on ne pouvait pas le lui reprocher.

A force de stratagème à base de nourriture française, le jeune avocat était parvenu à convaincre son ami de sortir de sa léthargie pour venir chez lui. Etant donné qu’il ne voulait pas parler de son humiliation par téléphone « parce que c’était trop long » et « parce qu’il regardait sa série », mieux valait qu’il raconte l’histoire de vive voix. De toute manière même si le youtubeur n’avait pas accepté de se déplacer, Bastian l’aurait fait. Il ne pouvait pas le laisser dans cet état et quand bien même, il devait savoir ce qu’il s’était passé avec Satine. Ah Satine. La fameuse Satine. La première fois que Bastian la vit, il ne put s’empêcher de penser que son pote avait de la chance de vivre avec une nana aussi canon. D’ailleurs, il ne tarda pas, peu après, à faire plus ample connaissance, plus en profondeur. Enfin, l’eau avait coulé sous les ponts depuis. Satine avait cessé de l’attirer dans son lit et Ted s’était mis à parler d’elle plus que de raison. Oh, il avait envie d’elle lui aussi. Après tout, qui n’avait pas envie de Satine. Si Bastian avait pu y gouter, pourquoi pas Ted ? Il l’avait encouragé de nombreuses fois à tenter sa chance, mais sans succès.

C’était compliqué entre ces deux là et Bastian avait besoin de tirer ça au clair. Peut-être même que Ted avait besoin de vider son sac. Il déposa son téléphone sur sa table basse après le dernier message de son ami et garda ses lunettes sur son nez. Bastian portait des lunettes pour lire, de temps en temps, quand il voulait bien les mettre. Il n’en avait pas toujours besoin, tout dépendait de son état de fatigue mais aujourd’hui, l’heure était grave. Ses lunettes lui donnait un air un peu plus sérieux, il fallait bien ça pour s’occuper du problème de Ted. Il les portait plus souvent sur son lieu de travail mais c’était surtout un accessoire pour parfaire sa tenue de petit avocat modèle. En général, elles trainaient sur sa table de nuit ou sur un meuble du salon. Il s’éclipsa dans la cuisine quelques minutes le temps de sortir les macarons pour les mettre dans un plateau et récupéra les tablettes de chocolat suisse pour amener le tout sur la table basse. Il eut même le temps de jouer un peu avec Nala en attendant que Ted arrive.

Il frappa à la porte et sonna immédiatement après. Pas de doute, c’était bien Ted. Lorsque Bastian ouvrit la porte, il fut forcé de constater qu’effectivement, son ami n’allait pas bien. Il n’y avait qu’à voir son look négligé. Certes, Bastian gardait également une barbe légère mais ça n’avait pas le même rendu. Et encore, s’il n’y avait que ça… Ted avait beau sourire, il ne trompait personne. Encore moins son ami d’enfance qui le connaissait mieux que son propre frère. C’est dire. Bastian eut un petit sourire triste et attrapa une main de son ami pour la serrer dans la sienne et l’attirer contre lui pour une accolade amical. « Bien sûr que tu m’as manqué mon grand. » Assura-t-il en tapotant son dos avant de le relâcher et de l’inviter à entrer. Il referma la porte derrière lui et le guida jusqu’au salon, où Nala avait déjà pris possession d’une partie du canapé. « Regarde un peu ce que j’ai ramené ! Vas-y sers-toi. » Fier, il s’installa dans un fauteuil et attrapa un macaron. « Tu n’imagines pas à quel point ces petites merveilles me manquent. A chaque fois que je retourne là-bas, je dévalise la boulangerie. Je crois que c’est ce qui me manque le plus en fait, la bouffe. » Ouais parce qu’on ne pouvait pas dire que la nourriture américaine était terrible. Enfin, la patience et Bastian ça faisait deux, alors il n’allait pas tourner autour du pot pendant des heures. « Bon, maintenant que ta série est finie, tu peux me parler et m’expliquer. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi tu as l’air d’être un dépressif en fin de vie ? » Inutile d’utiliser le tact avec Ted. Autant aller droit au but.

Bastian pourrait se vanter d'avoir réussis à me faire bouger parce que ces derniers temps ça devenait réellement un exploit. Il avait même de la chance je m'étais douché aujourd'hui. Oui il arrivait certains jours que j'ai même la flemme pour ça mais de manière générale j'allais quand même en prendre une. Et je restais même des heures dessous, si bien qu'il m'était déjà arrivé de bouffer toute l'eau chaude ce qui n'avait pas ravis Blake et Lindsey. Quand j'y pensais, j'étais sûr que beaucoup de personne m'envieraient de vivre avec deux sœurs, sauf que pour le coup j'en profitais pas. Ni de personne d'autre d'ailleurs. Je m'étais donc enfin bouger le cul jusqu'à la porte de Bast qui avait fini par m'ouvrir « Bien sûr que tu m’as manqué mon grand. » Ravis de l'apprendre ! Il m'avait manqué aussi ! Après cette accolade amicale je rentrais dans son appartement pour aller jusqu'au salon « Regarde un peu ce que j’ai ramené ! Vas-y sers-toi. » mes yeux s'agrandirent en voyant les macarons. Bon sang ça faisait trop longtemps ! J'en prenais un avant de me vautrer à côté de Nala et mordais dedans "Hmmm !" rooh putain ça m'avait vraiment manqué ! « Tu n’imagines pas à quel point ces petites merveilles me manquent. A chaque fois que je retourne là-bas, je dévalise la boulangerie. Je crois que c’est ce qui me manque le plus en fait, la bouffe. » il m'arracha un léger rire et je relevais les yeux sur lui "C'est probablement la seule chose qui me manque" la bouffe française c'était inégalable pour moi. Bon en soit je n'avais rien contre la France elle même mais plutôt contre mes géniteurs qui y vivaient. J'avais quand même fuit le pays à cause d'eux, enfin surtout mon père, et ça dès que j'avais été majeur. Et même si j'avais reconstruit ma vie il restait quand même des séquelles et il m'arrivait encore de faire des cauchemars. Mais je m'en sortais bien ! Sauf ces derniers temps où j'expérimentais une autre sorte de destruction comme celle de mon ego et de mes sentiments. Quoi que, malgré tout il me semblait bien que mes sentiments étaient toujours présents, et c'était probablement pour ça que ça faisait mal.

« Bon, maintenant que ta série est finie, tu peux me parler et m’expliquer. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi tu as l’air d’être un dépressif en fin de vie ? » Pourquoi en fin de vie ? J'avais juste l'air d'un dépressif non ? Quoi que, un dépressif n'avait pas forcément toujours l'air d'un dépressif. Je finissais mon macaron et appuyais mes mains sur le canapé pour me redresser un peu plus contre le dossier. Il était temps de passer à table d'une autre façon cette fois ci ! "Ben bon tu sais avec Satine ça faisait un moment qu'on se tournait autour, on a faillis coucher ensemble l'an dernier et elle m'a repoussé au dernier moment, c'était un jeu mais après ça on s'est quand même embrassé plusieurs fois et on a continué à flirter sauf que y'a quelques semaines elle s'est mise à m'éviter le plus possible, j'ai fini par en avoir marre et par lui demander ce qu'il se passait" Comment dire, attendre sans comprendre pourquoi on me faisait la gueule ça n'était pas mon truc mais alors en plus être évité sous son propre toit c'était pas évident à vivre "Elle m'a dit que j'étais comme un frère." et cette phrase avait été la pire, sans aucun doute "Sauf que si c'était vraiment le cas pourquoi m'avoir embrassé ? Si elle n'avait qu'un sentiment fraternel pour moi pourquoi me faire espérer pour me balancer ça après ? C'est vrai après tout si c'était la vérité elle n'aurait jamais cherché à me faire du mal comme ça" parce que clairement ça ne pouvait se terminer qu'en me faisant du mal dans ce cas la, y'avait pas d'autre dénouement possible "Elle a voulu se prouver qu'elle était la reine de l'échiquier. Elle a joué, elle a réussis à me séduire et comme elle a gagné elle a fini par se lasser. J'étais juste un jeu. Je l'aurais jamais imaginé comme ça, je la voyais pas comme ça mais visiblement j'ai été trop naïf et trop con." je soupirais "Y'a pas que dans les séries que les gens sont méchants gratuitement. Pour trouver du plaisir la dedans faut vraiment être sadique" pourquoi ? C'était la question que j'me posais encore et encore mais c'était la seule raison qui me venait. "Mais qu'est ce que je lui ai fait ?" C'était nul d'avoir des sentiments quand ça finissait comme ça.