Les jours commençaient étaient devenus bien moins pénibles depuis que j’étais de retour dans la villa familiale aux côtés de Hope, ma sœur jumelle adorée. En effet, bien que je passais encore plusieurs heures en rééducation pour que ma motricité revienne, je pouvais enfin être dans un environnement familier, avoir un espèce de sourire en me réveillant le matin et en découvrant ces murs qui me correspondaient et me reflétaient tous mes souvenirs dans cette villa. Je n’étais pas encore capable de marcher sur des longues distances, à vrai dire, même en béquille, je ne faisais guère plus de 30 mètres sans avoir besoin d’une pause. Mes jambes répondaient mais n’avaient plus la force de me porter plus loin que ça après 3 mois dans un lit d’hôpital et le fauteuil roulant était une alternative plutôt sympa dans ces cas-là. Résultat, quand j’étais chez moi, je préférais ce moyen de locomotion. Il faut dire que mettre une demi-heure pour aller aux toilettes, en termes de logistique c’est compliqué à gérer. Aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle et alors que je me dirigeais vers la cuisine pour me faire à manger, je ne pus m’empêcher de taper dans la table basse. Bleu stupide qui rejoindrait bientôt tous les autres que je m’étais fait en étant ici, dans une maison avec un accès handicapé mais pas entièrement conçue pour quelqu’un dans mon état. Je finis néanmoins par arriver dans la cuisine. Je me dirigeais vers le frigo et attrapa un œuf, de la crème et des lardons dedans, aujourd’hui ce serait pate à la carbonara. C’était presque devenu une habitude de faire la cuisine dans mon fauteuil, je n’avais donc aucun mal à trouver les affaires et puis je pouvais quand même me lever un peu ce qui aidais pas mal. Le repas prêt, je mis le tout dans une assiette. Hope n’était pas là aujourd’hui et c’était un petit miracle qu’elle ai enfin accepté de me laisser me débrouiller seul après être resté des semaines à mon chevet et des jours à s’occuper de moi depuis mon retour dans la villa. Mais je n’étais pas un enfant et si je voulais retrouver mon autonomie et mes jambes, il fallait que je me débrouille seul, que je pousse mes limites toujours plus loin et que je reprenne ma vie d’avant, ma vie normale ou presque… Je commençais à manger quand la porte d’entrée sonna. Je relevais la tête et me dirigeais vers cette dernière lentement mais surement en slalomant entre les meubles et les murs. Je finis par arriver et ouvrit la porte pour tomber sur une belle blonde pas inconnue. Heather ! Salut, ça va ? Qu’est ce que tu fais là aurait été la prochaine question à poser mais semblait un peu agressive sachant qu’elle était surement passé prendre de mes nouvelles. Je lui souriais en attendant sa réponse tout en gardant une certaine distance entre nous. Depuis cette nuit dans le jacuzzi, nous nous étions revus plusieurs fois mais depuis mon accident, j’avais du mal à la laisser m’approcher. Pas par peur d’être blessé mais par peur de trop m’attaché et que cela ne l’intéresse pas un étudiant en médecine raté en fauteuil roulant.

Cela faisait un moment que je n’avais pas eu de nouvelles d’Ethan. Les quelques fois où on s’échangeait des messages, c’était assez bref. A chaque fois que je lui demandais de ses nouvelles, il me répondait que ça allait sans jamais aller plus loin. Je ne pouvais pas le forcer à m’en dire davantage, je n’étais pas sa petite amie ni même son amie. En fait, je ne savais pas ce que nous étions tous les deux réellement. Quelques temps après, j’avais appris qu’Ethan était sorti de l’hôpital, qu’il faisait de la rééducation mais qu’il n’était pas au meilleur de sa forme. Je me faisais vraiment du soucis pour lui cependant, je ne voulais pas m’imposer. Après tout, j’étais qui pour aller le voir ? Mais au bout d’un moment, cela me taraudait l’esprit de le voir, de savoir comment il allait réellement et surtout pouvoir avoir un contact physique avec lui. Force est de constater qu’il me manquait vraiment. Je tenais à lui bien plus que je ne le pensais. Ce weekend, j’allais le voir.

Le weekend arrivant, je m’étais faite belle pour voir Ethan. J’avais mis un petit haut mettant ma poitrine en valeur. J’avais bouclé mes cheveux et mis un peu de maquillage. Ça faisait un sacré bout de temps que je ne l’avais pas vu. Ça se trouve, il s’était consolé dans les bras d’une autre femme. Une belle infirmière peut être ? Je ne préférais pas y penser. Je prenais le chemin de sa villa et j’arrivai très vite à bon port. Je soufflai un bon coup puis je sonnai à sa porte. Quelques secondes plus tard qui me parurent une éternité, on m’ouvrit la porte. C’était Ethan. Un immense sourire se figea sur mes lèvres, trop heureuse de le voir. Bonjour Ethan, ça va super et toi ? Comment vas tu ? C’était plus à lui qu’il fallait que je demande ça. Moi, personnellement, ça allait. Je ne pensais pas le voir encore en fauteuil roulant, je l’aurais imaginé en béquilles. En tout cas, je ne savais pas trop me comporter. Devais je lui faire une bise ? Un baiser ? Ou rester sur le pas de la porte ? Je choisis la dernière option. Je peux entrer ? Ce n’était pas très facile de se parler alors que j’étais sur le pas de la porte. Je voulais en savoir davantage sur son état de santé. Je n’avais pas fait toute cette route pour rien.

La surprise de voir Heather sur le palier de ma porte passa rapidement, après tout avant que je n’aie mon accident de voiture, nous étions en train de devenir de plus en plus proche et sans ce stupide incident, nous serions peut-être même ensemble au jour d’aujourd’hui. Seulement, voir la jeune femme n’était pas qu’une source de bonheur car je ne voulais pas qu’elle me voit ainsi, faible, sur mon fauteuil roulant, à peine capable de faire cinq minutes de marche sans m’étaler de tout mon long sur le sol. Sa question sur mon état de santé me fit sourire amèrement, c’était étrange de poser une question aussi banale à quelqu’un qui s’est vu privé de toute son autonomie et de toute sa capacité à se déplacer enfin presque toute sa capacité. Je répondis vaguement, assez distant. Ca va ca va… La jeune femme demanda ensuite à entrer. Quelques semaines plus tôt, je n’aurais pas hésité, elle serait entrée et nous aurions probablement partager de très bons moments mais aujourd’hui, je ne pouvais plus être le Ethan qu’elle connaissait, je ne pouvais pas être celui qu’elle voulait alors à quoi bon lui faire perdre son temps ? Mais en même temps, je ne voulais pas qu’elle parte, je ne voulais pas qu’elle sorte de ma vie, j’étais en train de craquer pour elle et toute cette histoire d’accident n’avait rien changé à mes sentiments. Euh… Oui si tu veux… Je reculais tant bien que mal pour la laisser entrer. Tu veux quelque chose à boire ? L’ambiance était vraiment étrange, pas habituelle, pas naturelle et cela me mettait vraiment mal à l’aise. Je préférais donc me réfugier dans la cuisine et aller lui chercher à boire pour reprendre mes esprits. Je regardais la jeune femme. Elle était vraiment jolie, sa chevelure blonde tombant en cascade sur ses épaules tandis que son corps, svelte et sportif n’avait rien à envier à celui des mannequins anorexiques des magazines de mode. Alors, quoi de beau dans ta vie ? Question banale dont le but était de détendre l’atmosphère même si j’étais loin d’être convaincu que cela fonctionnerait…

Cela me faisait énormément plaisir de le voir, ça faisait tellement longtemps ! Tellement longtemps que je ne l’avais pas vu mais aussi qu’il ne répondait pas à mes messages. Voilà pourquoi j’étais sur le pas de sa porte à lui demander de ses nouvelles. Il m’assurait que ça allait même si je le trouvais étrange. Ce n’était pas le Ethan que je pouvais connaitre. Je lui souriais et je lui demandais ensuite si je pouvais rentrer. Je crus voir une hésitation. Je haussais un sourcil, assez surprise mais je passais le pas de sa porte, assez gênée. Je te dérange peut être ? Je ne resterai pas longtemps… Je ne voulais pas l’empêcher de faire ses petites affaires ou alors s’il avait rendez vous avec une infirmière ou un kiné un peu plus tard, je ne voulais pas le déranger. Je l’accompagnais à l’intérieur de sa maison et je hochais la tête à sa proposition Je veux bien de l’eau pétillante si tu en as s’il te plait ? Je le suivais jusque dans sa cuisine. Je sentais l’ambiance assez pesante et pourtant, il m’avait vraiment manqué ! Alors qu’il nous servit à boire, il me demanda les nouveautés dans ma vie. Je repris mon engouement et tentai d’oublier cette tension bizarre entre nous. Je lui souriais, pleine de joie. J’organise différents évènements dans la ville, je suis bien contente ! Le maire me fait confiance et c’est déjà un grand pas dans l’évènementiel. Sinon, à part ça, pas grand chose… Et toi ? Je ne savais pas si le retour de question était approprié. Cependant, je voulais savoir ce qu’il faisait dernièrement, si sa rééducation se passait bien, s’il avait de l’aide… Je voulais tout savoir à son sujet, aussi bien les sujets passionnants qu’ennuyeux. Je tenais à lui et je voulais être présente pour lui malgré le fait qu’il me repousse. Merci. Lui dis je lorsqu’il me tendit le verre. Je le portais à ma bouche tandis que je l’écoutais attentivement, ne le quittant pas des yeux.